Je viens d'écouter M. de Sarnez sur France Inter ce matin. Je suis frappé comme l'énoncé d'évidences enfilées comme des perles sur la gravité de la situation reçoit au mieux un accueil poli, au pire une certaine condéscendance de la part des journalistes qui cherchent souvent plus le scoop immédiat (le bon mot) que l'alimentation du débat de fond. Au fond les évidences sont trop simples et on s'intéresse plus aux problèmes de politique politicienne qu'aux questions de fond. On obtient ainsi un petit dialogue de sourd entre ceux qui se battent à fond pour le 1er tour, toute affaire cessante, et les journalistes qui voudraient en plus que les candidats s'occupent de la suite comme si le 1er tour était déjà joué. Il est certain que d'un côté on a des gens qui se démènent depuis des mois, et même plus d'un an pour bâtir une campagne qui est une véritable entreprise même si elle est éphémère, et de l'autre des observateurs dans leur routine puisque c'est la Xème et qu'il y en aura encore d'autre. Toute l'énergie pour une formidable bataille, peut paraître bien dérisoire à celui qui la juge inutile parce que perdue d'avance. Comment bouger le système (ou le logiciel) qui est si lourd et bourré de tant d'inerties de toutes natures. C'est pourtant bien le RdV de l'élection présidentielle qui en France est de nature à permettre une remise en cause. Et comme l'a rappelé M de Sarnez, le système bipolaire de la politique française clive dramatiquement le centre qui est depuis des décennies obligé de choisir entre droite et gauche. Alors que centre droit et centre gauche on des analyses très proches, mais des solutions polarisées d'un côté ou de l'autre par le jeu des alliances. Il est très sain de vouloir en sortir même si c''est un peu la lutte du pot de terre contre le pot de fer. Pour finir elle a évoqué la colère que peu générer le drame de cette situation dont souffre la France depuis 30 ans. Et les journalistes lui ont demandé quand F. Bayrou allait se mettre en colère. Dans la mesure où les sondages de début d'année, avait montré un intérêt croissant pour ses idées, il était sain de garder la ligne. Maintenant que les discours racoleurs et démagogues détournent l'attention (Mélenchon et Sarkozy), il va peut-être falloir passer à autre chose. Mais F Bayrou le sait bien, la colère peut être mauvaise conseillère; d'autant plus que l'on est sincère. L'exemple de son différent avec D Cohn-Bendit pour lequel il a fait amende honorable en est une illustration éloquente. Néanmoins, il va falloir y passer plus ou moins pour reprendre du terrain, puisque le fait d'avoir raison sur l'essentiel est occulté par la communication de certains candidats (dont les propositions sont pourtant beaucoup plus populistes et nettement moins cohérentes). Il s'agit donc de trouver la bonne forme. J L Borloo avait su construire son image sur ce thème avec son livre: "un homme en colère", mais quand on voit son louvoiement de ces derniers mois on peut douter de sa sincérité, même si certains appellerons cela du réalisme par rapport au système. Quand on voit les incantations du sortant qui avec une mauvaise foi confondante trouve moyen:

  • d'une part d'envoyer ses lieutenant soutenir que les médias sont contre Sarkozy
  • d'autre part appeler ses partisans à refuser qu'on leur vole la campagne

on ne peut être qu'effrayé par cette distorsion des réalités étant donné que les médias ont quasiment décrété que le 1er tour était joué, avec la légion de sondage pris à la lettre. On entend bien discrètement que c'est F Bayrou qui rassemble la plus large adhésion sur son programme, mais cet argument est noyé dans le brouhaha médiatique. De plus les communicateurs sans scrupules au premier rang desquels on trouve JF Copé, n'hésitent pas non plus ni sur la mauvaise foi, ni sur la dignité. J'insiste un peu sur notre ancien ministre du budget, car il a tout de même commis en 2006 un: "promis j'arrête la langue de bois", qui pour un homme politique tient de la quadrature du cercle, et il a initié en 2004 une niche fiscale suggérée par F Mariani, qu'il estimait à l'époque devoir coûter moins d'un Md€ sur 3 ans alors que la cours des compte l'a finalement estimé à 10Md€. Comme expert ce la bonne dépense on repassera, rappelons en outre qu'il a aussi initié la LOLF, qui est sensée permettre un meilleur suivi des engagement et dépenses, dans ce cas précis cela ne semble pas très réussi. Il me semble donc que l'expérience récente devrait l'appeler à le retenue, mais quand on se croit grand communicateur, on se croit aussi supérieurement intelligent, et c'est la que le bas peut blesser. Car supérieurement intelligent devrait aller de paire avec supérieurement lucide sur les vrais problèmes. Malheureusement les dogmes sont tenaces, et les lobbys puissants pour protéger leurs intérêts. Et aujourd'hui les banquiers et les financiers tiennent le haut du pavé. Et la politique depuis des années est devenue tellement incohérente, particulièrement en France que nous perdons totalement les repères du bon sens et de la responsabilité. J'espère que F Bayrou va trouver la bonne formule, pour enfin changer de politique.