Je parlais dans un billet précédent (un dialogue de sourds) de la mauvaise foi du président à propos de F Hollande qui tournait en dérision son propos pour en déduire que ce dernier n'avait pas envie d'être chef. Dans les commentaires sur DSK et Médiapart on monte d'un cran:

  • Le "pauvre" DSK qu'il avait tout de même poussé pour être directeur du FMI, doit se taire et ne pas donner sa version des faits qui ont brisé sa carrière politique. Où est la liberté d'expression? Et si cela relève de la diffamation, on peut être sûr qu'il n'hésitera pas un instant à porter plainte. Par contre, dans tous les autres cas, vouloir lui interdire de parler relève du fascisme. Même si le politiquement correct pousse d'anciens amis à une attitude frileuse. En fait, il s'agit surtout de ne pas donner de "billes" à l'adversaire.
  • qualifier Médiapart d'officine alors qu'il s'agit d'un organe de presse dûment immatriculé en tant que tel, fait par des journalistes reconnus, et qui ont le sentiment de défendre la liberté de la presse, est en fait beaucoup plus grave. Et voir un premier ministre se permettre de tels écarts nous ravale à l'Italie de Berlusconi et toutes les outrances de ce dernier. Le président n'hésite pas en la circonstance à déposer plainte pour faire barrage et dissuader le reste de la presse de reprendre ces informations. C'est son droit...

Rappelons que N. Sarkozy n'a pas hésité à rappeler de vieilles pratiques sous Mitterand avec des écoutes téléphoniques à grande échelle pour protéger l'existence de sa fille illégitime. Mais que le pouvoir a joué sur les mots à propos de "l'espionnage" des journalistes, puisqu'il ne s'agissait pas d'écoute mais seulement de relevés téléphoniques. Même si on peut juger cela moins grave, il s'agit bel et bien d'une recherche illégale des sources d'un journaliste, demandée par un procureur de la République. En d'autres temps celui-ci aurait été contraint à la démission immédiate. On peut rappeler à cet égard la pratique sous E Balladur, où tout ministre inculpé (ou mis en examen) démissionnait immédiatement, malgré la présomption d'innocence. Il est des postes où la présomption d'innocence ne suffit pas à garantir la sérénité indispensable de l'impétrant.

En lien avec la Lybie, le scandale est aussi dans l'absence de critique générale sur les reniements de N Sarkozy à propos de la Françafrique. Celui-ci nous expliquait en 2007, qu'il était grand temps de tirer un trait sur les pratiques calamiteuses du passé, mais le discours raciste de Dakar et la révocation rapide de Jean-Marie Bockel, à la demande d'O Bongo, ont rapidement montré qu'il s'agissait uniquement de communication à l'attention des naïfs. On peut utilement consulter le site survie.org, pour beaucoup plus de détails.