L'euro: un petit pas irresponsable

L'introduction de la monnaie unique s'est faite dans un climat d'euphorie étourdissante (Lisbonnne 2000), avec des engagements sur un retour à l'équilibre qui était pour la France cousus de fil blanc (hypothèse de 3% mini de croissance), agrémentés de chimères sur le développement de la connaissance et les hautes technologies comme eldorado. Elle a permis, grâce à cette « bonne » communication, d'oublier complètement les tares fondamentales de notre engagement dans cette voie, pavée de bonnes intentions, qui résiste très mal aux dures réalités.

  • La faute originelle a été amplifiée dès 2003, par un nouvel assaut d'irresponsabilité, puisque France et Allemagne en tête, se sont assis sur le pacte de stabilité.
  • Dès lors, comme l'a rappelé M Monti, comment s'étonner que la Grèce se soit sentie confortée dans ses errements et ses libertés avec la rigueur comptable. En plus c'est une grande banque qui cautionnait les artifices auxquels les instances EU n'ont vu que du feu.
  • On devrait donc surtout remettre en cause les contrôles, aussi bien internes par le parlement national qu'externe par la commission et le parlement EU. Mais non , on n'a de cesse de taper sur les dangereux irresponsables, quitte à abandonner la population, et tourner le dos aux principes démocratiques.
  • Car il ne fait aucun doute que malgré la pression des opinions européennes , les Grecs ne peuvent accepter ce rôle de bouc-émissaire, de tares inscrites dans les traités, dont personne ne les a prévenu.
  • De plus quelque soit la santé d'une économie la sanction des marchés est totalement disproportionnée, et n'est possible que par les incohérences du traité d'union monétaire, qui désarme totalement un pays face à ces marchés.
  • La seule solution possible est bien sûr la création d'EuroBonds, puisqu'une monnaie unique implique une solidarité. C'est un des critères d'une ZMO.
  • Un autre étant, pour corriger les distorsions de compétivité, un véritable budget fédéral (plusieurs Pts de PIB).
  • Si ces 2 critères fondamentaux ne sont pas réunis, on doit se contenter d'une monnaie commune, comme l'a expliqué J Rueff entre autre.
  • On peut, c'est vrai, reprocher aux fédéralistes de ne pas avoir assez prévenu les citoyens de ces tares majeures. Mais il est vrai que le grand saut vers le fédéralisme est difficile à vendre. Néanmoins le petit pas dans cette direction est une petite escroquerie car nous sommes aujourd'hui en plein milieu du guet, alors que le courant est bien trop fort. L'accalmie de très longue durée espérée, ne pouvait être suffisante dans le contexte ultra-concurrentiel de la mondialisation.
  • De plus espérer intégrer des dizaines de millions de citoyens de l'Est qui ont subit 45 ans de régime communiste avec quelques dizaines de Md€ par an, quand l'intégration de la RDA (15 millions de personnes) a couté plus cher à la RFA, c'est grotesque.
  • Et c'est bien à cause de ces efforts colossaux, que le RFA ne veut plus payer pour le reste de L'Europe et surtout pas pour les pays du « Club Med ». Comme elle se refuse en plus à toute politique qui pourrait entretenir l'inflation, la situation est bloquée.
  • Mais voir les autres membres de la zone Euro (France en tête), trop faibles pour expliquer qu'il n'y a pas d'alternative, c'est véritablement consternant.
  • En outre, le superbe excédent commercial Allemand se fait avec la CEE à 80%, mais la RFA est en déficit vis à vis des pays émergeant et du Japon. Sa compétitivité est donc relative, ce qui ne peut pas étonner quand on connaît les différences salariales et sociales.
  • Toutes ces incohérences montrent s'il en était encore besoin, les dangers des idées ultralibérales qui guident depuis 25 ans la construction de l'UE. Le fantasme de l'autorégulation est battu en brêche par les faits et la nature moutonnière des marchés, qui cherchent un profit de court-terme, alors que l'entreprise ne peut se développer que sur le long terme.