Avant de savoir si l'étude de M Séralini répond bien aux critères de qualité nécessaires pour valider ses résultats, il faudra sans doute un peu de temps. Rappelons nous, au printemps, la pub intempestive faite autour du résultat qui pouvait remettre en question la relativité parce qu'une particule avait dépassé la vitesse maxi (c) autorisée par la théorie. Il s'agissait d'une erreur de mesure.

Cependant, si cette affaire permet de prendre conscience de l'incroyable manque d'études indépendantes des lobbys semenciers, alors que la santé de l'humanité est en jeu et le principe de précaution aux oubliettes, ce sera tout bénef.

Je voudrais aussi revenir sur l'escroquerie intellectuelle qui prévaut dans cette affaire depuis le début. Pour éviter de trop longues études, les semenciers soutiennent qu'en fait les manipulations reviennent exactement au même que si o n les avaient obtenus par sélection patiente. C'est bien sur ignorer totalement la complexité du vivant et aussi les principes de Darwin qui disent que seuls les plus résistants subsisteront. Et donc en forçant si peu la nature le risque est négligeable voire nul.

  • On peut déjà objecter que si c'est exactement comme la nature, de quel droit pose-t-on un brevet dessus? va-t-on breveter tout ce que l'on trouve dans la nature?s
  • Mais surtout un risque négligeable ne se décrète pas. Seule des études patientes, aux protocoles longuement étudiés, et à la hauteur de l'enjeu sont susceptible de cerner ce risque pour le déclarer négligeable. Car on sait pratiquement depuis le début que la dissémination est irréversible, et on l'a déjà acté en posant un seuil, loin d'être négligeable pour le coup, de 0,9%. Merci l'Europe des lobbys, ERT en tête (en français Table Ronde des Industriels Européens fondée en 1986).

Et derrière les juristes des multinationales n'hésiteront pas à mener une guérilla juridique pour imposer à tous les agriculteurs l'utilisation de leurs semences, avec un appauvrissement dramatique de la biodiversité dans nos assiettes. Quant à étudier l'incidence de cet appauvrissement en terme de santé publique sur nos défenses immunitaires, on en est pas encore là. C'est probablement regarder un horizon sans aucune mesure avec celui des intérêts des multinationales, notamment leur cours de bourse. Le court termisme pourrait-il se fracasser sur la santé à long terme? Les enjeux sont énormes mais les lobbyistes n'ont pas vocation à regarder si loin, qu'en est-il de nos très chers experts payés des fortunes par l'UE pour un PTT (Petit Travail Tranquille). Et surtout sont-ils suffisamment rigoureux pour ne pas céder aux recommandations de leurs copains lobbyistes. La porosité entre ces 2 mondes, avec une déontologie assez théorique, car bien peu contrôlée et souvent contournée par des petits arrangements entre amis n'est surement pas de nature à nous rassurer. Pour achever d'inquiéter, je voudrais faire remarquer à quel point, même les meilleurs experts peuvent se fourvoyer. L'abrogation par le conseil constitutionnel de la loi sur le harcèlement sexuel me parait emblématique à cet égard. Sur demande de QPC émanant d'un ancien député, le conseil décide 10 ans après avoir approuvé le texte, que celui-ci est trop flou. Ce qui me paraît incroyable, c'est que ce texte est devenu trop flou suite à la loi dite de modernisation sociale de 2002 et son article 179 qui modifiait le texte précédent. Il aurait suffit d'annuler cet article 179 pour revenir au texte précédent. De la part de l'institution en charge du respect de la constitution et donc dépositaire de la cohérence des lois pour défendre l'ordre public, cela me parait le minimum. Et savoir revenir aux sources de la loi devrait couler de source. Et bien non, n'étant responsable devant personne, et n'ayant aucun compte à rendre, ils ont décidé tout simplement d'abroger la loi, et avec les centaines de procédures en cours. Oubliée la jurisprudence construite depuis 10 ans. Voir un tel gâchis, provoqué par une institution de cette qualité, devrait faire réfléchir les politiques sur la confiance que l'on peu accorder aux experts, dès lors qu'ils sont exemptés de toute responsabilité, et surtout sur la nécessité de cohérence dans l'action. A cet égard on peut aussi se demander à quoi peuvent bien servir aujourd'hui le quatuor générateur de rapports qui s'entassent sans aucuns effet:

  1. le Conseil Economique, Social et Environnemental inscrit dans la constitution
  2. l'OFCE installée par R Barre en 1981
  3. le CAE issu de la scission du commissariat au plan
  4. enfin le CAS lui aussi de cette scission

Surtout plutôt que d'avoir un seul conseil enrichi par la diversité des conceptions et théories économiques et sociales, on a 4 sons de cloches # sans que personne ne puisse synthétiser tout ça. Bref on n'avancera pas d'un pouce en tirant ainsi a hue et a dia. Et du coup on va encore nommer des commissions temporaires pour quelques rapports supplémentaires (Attali, Stiglitz) Je voudrais d'ailleurs rappeler à cet égard l'extraordinaire légèreté des députés de l'UMPS à l'automne dernier quand ils ont enterrés tranquillement le rapport Perruchot (pour 30ans?). Comment est-il possible que l'argent public soit passé par perte et profit sans que la représentation nationale n'ait au moins à justifier son choix. L'arbitraire figure-t-il encore dans notre société?

Pour creuser le sujet des OGM voir notamment:

http://ogm.greenpeace.fr/