Les vrais Pigeons

Suite à un projet de taxation du gouvernement, le terme Pigeon a fait flores dans la médiasphère. Mais je voudrais parler aujourd'hui des "vrais" pigeons totalement ignorés par le monde aussi bien médiatique que politique. Par exemple dans l'affaire Abacus, rappelée par le documentaire de J Fritel et M Roche sur Goldman Sachs, on voit quelques dindons de la farce:

  • Un banquier Allemand dont l'établissement a été ruiné par les manoeuvres de cette banque
  • Un trader français: "Fab le Fabuleux" sacrifié par sa banque dans le rôle du fusible, mais défendu par des avocats payés par Goldman

Il me semble qu'une bonne class action de l'ensemble des pigeons de cette "escroquerie" légale, aurait pu pousser les politiques, sous la pression médiatique à réagir, au minimum avec de nouvelles règles pour rendre illégales ce genre de montage. Il faut à ce sujet rappeler les arguments avancés en 1998 par A Greenspan pour laisser faire lors de la création des CDS, alors que la directrice de la CFTC, voulait les interdire au nom de l'intérêt des contribuables: "Ces nouveaux produits seront proposés par de bons professionnels" et cela a suffit... Bon nous savons depuis que les US ont fait pire avec les OGM: il a suffit d'une campagne à 4 M$ pour bannir toute mention sur les nutritals facts, au motif que cela serait de la paperasse supplémentaire. Résultat les recherches sur les réactions allergiques, qui pourtant croissent rapidement vu tous les allergènes que produit l'industrie chimique,sont terriblement compliqués. Encore un terreau pour les conspirationnistes de tout poil! Rappelons aussi que cela s'est passé en 1998, au moment de l'affaire Lewinski et qu'en même temps passait aussi comme une lettre à la poste une nouvelle d'une portée au moins égale: l'abolition du Glass Steagal Act: Bravo à Mrs L Summers et A Greenspan pour ce tour de force. P Pesnot rappelait en 2009 dans son émission "Rendez-vous avec X" que le budget alloué à la commission sur les attentats du 11 septembre, était ridicule par rapport à celui du procureur qui enquêtait sur l'affaire Lewinski... cherchez l'erreur. Personnellement, il y a longtemps que je suis convaincu que les Américains sont tombés sur la tête. En fait ils sont simplement aussi dogmatiques (voire plus) que les intégristes de tout poil. Leur intégrisme se nomme ultralibéralisme avec comme corolaire la cupidité que dénonce J Stiglitz depuis longtemps. La question est simple: "comment faire confiance à la morale quand il y a autant d'argent en jeu?". On dit la chair est faible, mais l'attrait de l'argent est encore bien pire. Espérer une quelconque moralité face à cet attrait est totalement illusoire. Seule une régulation draconienne, avec des règles simples et claires peut nous sortir de l'impasse où nous sommes arrivées. L'autorégulation et l'efficience des marchés est une fable, que d'ailleurs ni Hayek, ni Friedman ne proclament. Seuls leurs zélateurs aveugles nous prêchent pareille sornette. Pour illustrer ce propos, je rappellerais une fois de plus l'absurde valorisation de Facebook, lors de son entrée en bourse: plus que HP qui compte près de 300 000 collaborateurs dont des milliers d'ingénieurs de très haut niveau, alors que Facebook compte 3000 collaborateurs. C'est faire bien peu de cas de la valeur de l'humain dans une entreprise. La seule vérité est que le marché ne cherche que le profil à court terme, et c'est ce que paraît promettre Facebook. En fait c'est l'endroit où il faut être et c'est un pari sur des profits futurs. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que les CDS ait connu un tel succès, puisque ce sont véritablement des paris. Ce qui est incroyable, c'est que la finance (aidés par les think tank et autres spins doctors ultralibéraux et relayés par les médias) nous ait fait avaler la couleuvre de la valorisation de ces CDS comme thermomètre ultime au moyen des agences de notation. Et quand on fait remarquer à ces agences, qu'elles se trompaient gravement, et répondent qu'elles n'émettent que des opinions... Là on est typiquement dans le: "les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent" comme chez les politiques. Mais ce n'est pas fini. Il y a encore plus incroyable: les fondements mathématiques utilisés par les agences pour évaluer le risques sont la copule de Gauss. B Mandelbrot (un mathématicien sérieux, n'est-il pas?) montre depuis 30 ans qu'un évènement sensé arriver tous les milliards d'années, d'après la théorie attachée à cette courbe, arrive tous les 10 à 20 ans et pourtant il n'existe pas encore d'agence de notation basée sur les "bonnes" théories. Comprenne qui pourra... J'aurais tendance à rejoindre devant des énormités pareilles, les sentences de FX Verschave sur la Francafrique et les paradis fiscaux: "c'est incroyable mai vrai".

Je me suis éloigné de mon sujet initial, mais la bêtise au pouvoir depuis 30 ans m'exaspère, et encore j'ai passé les absurdités désormais inscrites dans la constitution, comme le principe de précaution et le DALO. Celles-ci montrent comme me le disait un ami, que les politiques sont probablement pires que les marchés dans les contradictions. C'est bien possible et je pense qu'il y a des raisons objectives à ces dérives, que je développerai une autre foi . MAis il est grand temps de revenir à un minimum de bon sens: "Mère DENIS au secours" Pour les incohérences, nous payons depuis quelques années surtout dans les pays du sud, les PIGS, un lourd tribu à l'Euro et ses tares congénitales, que rappelle notamment A Cotta. Et la lenteur de réaction des dirigeants EU, avec des décisions parfois stupides comme l'appel aux banques en 2011, pour soutenir de la Grèce, avant en 2012 de décréter un défaut partiel avec des montages à dormir debout, de plus juridiquement friables dans un monde obscur de CDS et hedge funds. Puisque personne ne peut dire précisément quel serait le coût de ce défaut. Même un ordre de grandeur est difficile à donner... De plus, il est évident depuis le début que seule une garantie par la BCE des dettes souveraines peut calmer les marchés. Ce n'est pas le 800Md€ du MES qui peuvent rassurer face aux 3500Md€ de dette des PIGS. Seulement les contraintes imposées par la BCE pour bénéficier des garanties, imposeront des réformes ultralibérales dont les citoyens ne veulent pas. On brandira alors le TINA (There Is No Alternative) comme en 2005 on avertissait qu'il n'y a avait pas de plan B... jolie fumisterie des élites. Les économistes atterrés, Roosvelt2012, ATTAC, J Stiglitz et P Krugman qui sont tout sauf des illuminés expliquent pourtant le contraire.